dimanche 4 mars 2007

Le harcèlement moral au quotidien ( publié le 27 février 2006 sur mon blog : harcelementenalgerie.blogspot.com)

Comme je m’y attendais, l’ouverture de ce blog et la publicité que je commencais à lui faire a suscité de la panique chez mes ‘‘amis’’. Mais je dois reconnaître qu’il n’est pas toujours aisé pour moi de deviner à l’avance leurs pièges ni de se maintenir tout le temps en état d’hyper vigilance pour les esquiver. Il faut bien que je m’accorde quelques moments de nonchalance de temps à autre, c’est indispensable.
Et puis quand qu’on sait qu'en face ils sont nombreux à se masturber l’esprit pour trouver le meilleur moyen de me terrasser…Oh!
Cela ne veut pas dire que j’ai pris du goût à ce jeu diabolique qui vise ma destruction et avilit par la même occasion tout ce beau monde qu’ils mobilisent en le transformant en une armée de ridicules mercenaires.
Parfois je me dis que je dois présenter à tous ces collèges, ces voisins et à tous ces chômeurs _ parmi eux des pères de familles_ des excuses pour être le prétexte de leur perversion. Sincèrement, j’aurais aimé leur épargner ces comportements désolants et attristants.Bon ! Revenons aux événements d’aujourd’hui.
Donc, comme d’habitude, le matin et le soir, à l’aller et au retour du travail, dans le transport public, dans le transport du personnel, en traversant la ville de Tizi ouzou et au travail, j’ai eu ma dose quotidienne d’embêtement (le terme scientifique c’est le harcèlement). Au retour à Fréha, alors que je croyais que ma journée d’emmerdes (excusez le terme) était terminée, je fus surpris de me trouver, juste à ma descente du fourgon, en face d’un voisin et militant de mon ex parti qui, d’après lui, passait par là par pur hasard. Je le vois rarement à pied en ville.
Après les salamalecs, nous avons pris la direction de la cité. En cours de chemin, il me revient avec le même discours de dissuasion (ou si on préfère de démobilisation) qu’on m’a déjà seriné un millier de fois. Il me disais: « moi la politique c’est terminé ; ce peuple ne mérite pas qu’on se sacrifie pour lui ; regarde-moi je ne suis au RCD, je m’occupe juste de mes affaires ; regarde-les, ils ne comprennent rien à rien, moi ils ne m’auront plus ; tu essaies d’aider les gens et ils ne comprennent pas que tu leur veux du bien ».
Je crois avoir déjà entendu un discours de ce genre dans un film qui traite de notre guerre de libération, je ne me rappelle pas si c'est la bataille d’Alger ou l’opium et le bâton.
Un peu avant d’arrivé à la cité, je distingue au loin, à l’entrée d’un magasin, le jeune fils (18 ans environ) d’un voisin, retraité de la police, qui m’attendait comme d’habitude avec d’autres jeunes, des jeunes parfois étrangers au quartier. On peut appelle cette technique le guet. Cela donne à la cible le sentiment d’être épiée et surveillée tout le temps. Si ce n’est pas le fils c’est le frère et si ce n’est le frère c’est leur père.
Ils sont toujours là, qu’il neige, qu’il vente ou qu’il fasse très chaud. Et bien sûr ils sont toujours accompagnés soit par d’autres voisins soit par carrément des étrangers, certains des voisins se sont ces derniers temps retirés. Plus il y a de guetteurs plus ca fait d’effet, il faut que ca fasse.. meute.
Des fois ils m’obstruent le passage en me tournant du dos comme s’ils ne m’ont pas vu venir, et il faut donc les prier de me laisser le passage ou bien les contourner en empruntant un sentier boueux. D’autres fois on charge ce jeune de faire dans la menace, bien sûr avec le regard seulement. Pas de preuve, c’est la règle fondamentale du harcèlement moral.
De la patience, il en faut!
Mais aujourd’hui, ils ont préparé autre chose. A l’entrée de la cité, comme je ne trouvais pas mes guetteurs à leur place habituelle, j’allais exprimer mon étonnement au voisin qui m’accompagnait et lui expliquer ce que tout le monde avait fini par comprendre dans le quartier, à savoir le rôle qu’on a attribué à ce voisin retraité de la police.
Je n’avais pratiquement encore rien dit que ce jeune se rua sur moi en criant, en me menaçant. Il me reprocha d’avoir prononcé le nom de son père. J’ai gueulé moi aussi et il ne fallait pas, mais c’était la fin de la journée et j’étais très fatigué. Mais en somme ce n’était pas méchant, parce que l’objectif était de m’amener à me disputer avec ce jeune qui n’a même pas encore la moitié de mon age. Ca n’a pas marché. Un piège de plus d’esquivé.
Mais le plus étonnant est venu du voisin militant que j’avais rencontré en ville par hasard et qui, suite à cet petit incident qui n’en est pas un en réalité, m’a lancé tout de go : « ne me parles plus ». J’étais consterné. AOU !!! (A la Fellag ). Aucune raison ne peut justifier sa réaction. Il n’était concerné ni de près ni de loin par ce qui s’était passé. Alors comment expliquer cette réaction pour le moins inattendue? Voilà :
1/ Soit il en a marre de se voir confier à chaque fois cette mission de venir me tenir ce fameux discours démobilisant et qui, normalement d’après ses concepteurs, doit susciter en moi un dégoût ou de la déception, tout en sachant que j’ai bien compris son manège. Et en ne me parlant plus, il aura une excuse valable de refuser à l’avenir cette mission si embarrassante, lui qui est apparemment très gentil. Il a choisi sa paix, et je ne lui en veux vraiment.
2/ Soit sa démarche vise à m’isoler un peu plus dans la cité et à fréha en général. Un voisin de plus qui ne me parle pas. Dans les prochains jours je verrai certainement plus clair. Et je vais essayer de réagir en conséquence. Et si j’organiserais une wâada ? Peut-être qu’après un bon couscous, ils accepteront de redevenir ces bons voisins d’avant qu’on se connaisse. Si ca marche, je ferai la même chose avec mes collègues de Boumerdes et le transporteur privé GANAME AMAR qui assure le transport du personnel sur Tizi ouzou sur qui je reviendrai plus tard.

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